Assemblée nationale : Pourquoi Oumar Sarr s'est présenté contre Moustapha Niasse

C’était une surprenante candidature. Jusqu’au moment où les députés entraient dans la salle des plénières, le lundi 1er août dernier, jour de l’installation de l’Assemblée nationale, les libéraux de Wade n’avaient pas envisagé de présenter une candidature au poste de Président de l’Assemblée nationale. Ni Oumar Sarr, ni un autre député de l’ex-parti au pouvoir n’était dans les plans du Pds. C’est à la dernière minute que la décision a été prise après une consultation restreinte au sein du groupe. Et la candidature d’Oumar Sarr a été retenue comme une réaction au plan «inélégant» du groupe parlementaire de la majorité de ne pas se plier à une longue tradition démocratique.

L’histoire commence une semaine avant l’installation de la 12e Législature. En plein dans les réglages, la Coalition Bennoo Bokk Yyaakaar (Bby), majoritaire à l’Assemblée nationale, saisit le groupe libéral d’une proposition, conformément aux convenances en cours à l’Assemblée depuis toujours. Modou Diagne Fada est informé que le poste 8e vice-président de l’Assemblée nationale est réservé au Pds. Le parti de Wade se réunit pour l’affectation du poste. Aïda Mbodji est proposée par le Président Wade, du Maroc où il se trouve. La décision est appréciée par tous les députés libéraux présents à la réunion. Mais, Aïda Mbodji ne s’emballe pas. Très prudente, elle remercie le Président Wade et ses pairs : «Même si cela n’aboutit pas, je suis sûre que Dieu vous récompensera de la bonne intention que vous avez eue», remercie-t-elle. «Tu n’as pas de raison de penser le contraire. Tu seras élue vice-présidente et bien élue. Tu le mérites, car tu as été au cœur d’une affaire politico-familiale qui t’a mise dans une situation inconfortable», rassure Awa Diop, Présidente du Mouvement national des femmes du Pds. La réunion est pliée.
Lundi 1er août. Les députés du Pds sont conduits par leur chef de file, Modou Diagne Fada, qui les installe sur une même ligne. Après de longues minutes d’attente, l’ancien ministre de la Santé, sur insistance de ses frères, quitte la salle des plénières pour porter le nom d’Aïda Mbodji proposée au poste de 8e vice-président. Moustapha Diakhaté du groupe parlementaire majoritaire lui signifie que Bby est une coalition de coalitions qui a besoin des postes pour ses alliés, donc impossible de donner un poste au Pds dans le bureau comme convenu il y a une semaine. Fada reste muet.

Pendant ce temps, l’inquiétude gagne Oumar Sarr et Souleymane Ndéné Ndiaye en raison de la longue absence de Modou Diagne Fada. La tête de liste du Pds va à la rencontre de Fada pour s’enquérir de la situation. Oumar revient dépité. Les yeux rougis, il rend compte à Souleymane Ndéné Ndiaye. Le reste du groupe est informé. La colère gagne les rangs du Pds. La riposte est vite décidée. «Il faut proposer un candidat à la Présidence contre leur candidat. Ces gens sont déterminés à faire parler leur majorité mécanique, il faut leur annoncer la couleur», propose-t-on. C’est amendé ! Oumar Sarr va à la bataille contre Moustapha Niasse. Même si c’est perdu d’avance, il faut le faire. Pour le principe. Mieux, le recours annoncé par Aïda Mbodji contre le non-respect de la parité dans le bureau n’est pas étranger à la «trahison» de Bby.

L'Observateur